Le pique nique se termine. Nous partons pour une promenade à St Vallier.
Le temps est nuageux, nous prenons nos K way.
Nous marchons, bavardons, échangeons, rigolons. Une simple ballade. Une averse arrive, nous
enfilons nos K way et continuons. En route vers le retour. Au loin, un coup de tonnerre.
Heureusement, nous ne sommes pas dans l’orage. L’orage est sur l’autre montagne. L’averse se
calme. La ballade continue.
Trou noir. Le noir. Tout va très vite. Je ne contrôle plus. J’ai l’impression d’être au volant d’une
voiture. Je conduis mais ne maîtrise pas. La voiture roule très vite. Je suis calme. Je ne peux rien faire.
J’entends Richard qui prie pour que le Seigneur mette sa main sur moi. Je me dis qu’il se passe
quelque chose et que ça a l’air d’être grave. J’ouvre les yeux. Ils parlent tous. Me posent sans cesse
des questions. Jean Yves n’arrête pas de parler. Et ce monsieur, c’est qui ? Je ne l’ai jamais vu.
Je lui demande : « Mais vous, qui êtes vous ?»
Il m’explique « je suis un passant qui vient vous aider ».
Ils continuent tous à parler et parler. Jean Yves n’arrête pas.
Je tourne la tête. Je vois Virginie allongée, à ses côtés, agenouillé, Joël, son mari. Que se passe-t-il ?
C’est grave ! Et ils continuent tous à parler. Ils me disent que c’est normal. Mais quoi ? Je veux
bouger mais je ne peux pas.
« On va te déplacer me disent-ils car il pleut ».
« Ah bon, il pleut ».
Ils me mettent dans un 4×4. J’ai mal. Je ne sens plus mon corps. Je pèse cent kilos. Une femme que je
n’ai jamais vue, me rassure.
« C’est normal. On va s’occuper de vous. Les pompiers vont arriver. »
On installe Virginie à mes côtés. Allongées côte à côte, je n’arrive même pas à la regarder. Je ne
comprends rien.
« Mes jambes ? Où sont-elles ? ».
On me rassure. « Didine, elles sont là tes jambes. Tu peux les bouger. »
Je suis rassurée. Peu à peu je commence à sentir mon corps. On me parle de foudre. Je comprends
peu à peu que la foudre est tombée. C’est un accident. Tout le monde est très gentil. Jean Yves me
parle sans cesse.
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« Je suis désolée ». Je commence à comprendre que je cause bien des tracas à mon entourage. On
me rassure.
« Tu n’y peux rien Didine, c’est la foudre ».
Plus tard, mes amis m’ont expliqué. Ils ont entendu le tonnerre. La foudre est tombée. Je suis la seule
à n’avoir aucun souvenir. J’ai été la plus touchée. Joël et Richard, les moins touchés ont accouru à
nos côtés. Virginie et moi étions à l’agonie. David et Jean Yves, allongés à nos côtés ont vite repris
connaissance. Dès que Jean Yves a repris connaissance, il m’a parlé sans cesse. Les garçons se sont
affairés pour nous secourir Virginie et moi. Prier, aller chercher du secours, rester à nos côtés, nous
stimuler …
Juste après l’accident, la grêle est arrivée. Je n’en ai aucun souvenir. Il paraît que j’ai demandé qu’on
arrête de me jeter des cailloux !
Je reprends mon histoire. Je suis rassurée. J’ai mes jambes. La foudre est tombée.
Les pompiers arrivent. Ils sont gentils. Ils m’installent dans une ambulance. Me mettent une pince à
linge (je ne connais pas le nom de l’appareil et à ce moment-là j’avais l’impression d’une pince à
linge) au doigt. Mon vernis les dérange. Je ne peux quand même pas l’enlever maintenant. J’entends
qu’ils veulent récupérer tous les foudroyés. Un foudroyé s’est échappé, il faut qu’ils le retrouvent.
En réalité, David est descendu en stop sur St Vallier. Plus tard, des pompiers l’ont retrouvé.
Un pompier me dit que mes cheveux ont brûlé. C’est embêtant. Je suis allée chez le coiffeur, il n’y a
pas très longtemps !
Les pompiers me parlent sans cesse. J’aimerais que l’on arrête de me demander mes coordonnées.
Ils ne sont pas très organisés ces pompiers.
Plus tard, on m’expliquera que c’est une technique pour qu’une personne reste consciente.
Ca défile dans l’ambulance : pompiers, infirmières, médecin … Je ne sais même pas ce que l’on me
fait. Il y a vraiment beaucoup de monde pour moi. On roule, on s’arrête. Je trouve qu’ils en font un
peu trop. Je ne suis pas bien. Et finalement, ça fait mal la foudre.
Ils veulent m’emmener à l’hôpital de Cannes. Non, je ne veux pas. Je veux aller à Grasse comme mes
amis.
« Et les gars, ça va. J’ai pas mal. Je vais bien ».
Les pompiers me raisonnent. De toute façon, je ne peux pas bouger. Ils me rassurent et me
promettent d’avertir mon frère. J’ai peur de me retrouver seule à l’hôpital.
2
A l’hôpital, tout le mode est gentil. Electrodes, radios … J’ai juste la clavicule cassée. Bon ben ça va. Je
ne suis quand même pas en forme. Je me retrouve seule dans une chambre. On s’occupe bien de
moi. J’ai mal dans la poitrine, je vomis.
« Que se passe-t-il ? Pourquoi ai-je si mal dans la poitrine ? »
C’est le choc, c’est normal.
Dans la soirée, mon frère arrive. Il veut rester.
« Tout va bien. Rentre chez toi. Je suis juste un peu fatiguée » dis-je.
Je vais si bien qu’il reste et ne m’écoute pas. J’ai mal et je vomis sans cesse. Voir mon frère me
rassure. La nuit est longue. Mon frère rentre chez lui le matin, il repassera en début d’après-midi.
C’est bizarre. Je vais bien, je suis juste un peu fatiguée. Je dors un peu. Je voudrais me lever mais ils
ne veulent pas à l’hôpital. Je suis si fatiguée. Les vomissements s’arrêtent dans la matinée.
A midi, on m’apporte un repas. J’ai faim, je vais tout manger. Tellement faim que je n’arrive pas à
manger. Je suis si fatiguée.
Les visites s’enchaînent. Je ne comprends rien. Les gens me disent des choses bizarres. Visiblement
ils ont eu peur. Je trouve qu’ils exagèrent. Je vais bien. Je suis vivante. J’ai failli mourir sur le coup
mais maintenant tout va bien. Je suis fatiguée. J’aimerais dormir, simplement dormir.
Des textos bizarres arrivent. Enormément de gens sont au courant. Je ne comprends pas .Tout cela
me paraît étrange, irrationnel.
Le lendemain. Je reprends peu à peu des forces. Au fil de la journée, on débranche un appareil puis
un autre… et enfin la perfusion. Je n’avais pas remarqué qu’il y avait autant d’appareils dans la
chambre. Le soir, on me change de service.
A ce moment, mon frère m’explique qu’énormément de personnes se sont inquiétées. Le médecin
avait donné deux jours pour savoir si mon cœur allait tenir. C’est bon, le cœur tient. Je vais vivre !
Le dimanche soir des membres de ma famille ont été avertis. Des textos sont partis dans la nuit. Des
coups de fil … Enormément de chrétiens se sont mobilisés dans la prière. Deux Eglises à Grasse, mon
Eglise à Antibes, l’Eglise de Calvary Chapel à Nice, beaucoup de chrétiens que je connais par
l’intermédiaire des camps ou autre ont prié avec leur Eglise.
Enormément de personnes m’ont témoigné leur affection par des visites, téléphones, textos,
cadeaux ou cartes. A l’hôpital je recevais une vingtaine de textos par jour.
Plusieurs personnes m’ont aidé par divers moyens :
Gentillesse et efficacité : des copains partis en randonnée, des passants venus nous aider, des
pompiers et du personnel médical.
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Actes : récupération d’affaires dans mon appartement, correction de mes copies, relookage coiffure,
transport en voiture, …
Textos, téléphones, visites, cartes, cadeaux et bien sûr l’essentiel des prières.
Mon frère m’a veillé la première nuit, ma maman m’a récupéré après l’hôpital, ma tante m’a
hébergée, ma belle sœur m’a fait de bons petits plats, …
Résultat des courses : mon cœur a pris un bon choc, brûlures sur les épaules et les cheveux, une
clavicule cassée, un cou bloqué, un tympan percé et des kilos en moins.
Chaque jour, je reprends des forces mais je suis toujours très fatiguée. Ma convalescence est longue
(à mon goût), mes projets pour cet été sont tombés à l’eau, mon moral est variable …
Je traverse des moments difficiles mais je suis heureuse d’être vivante et de savoir que je pourrai
retrouver la forme.
Et le seul mot qui me vient à l’esprit est merci.
Merci au Seigneur car je suis en vie.
Et merci à toutes les personnes qui m’ont aidée par un quelconque moyen.